L’ancien débit de boissons-épicerie, tenu par Françoise Le Coadou. On voit les gens du pays venus pour livrer le petit goémon qu’ils ramassaient à chaque marée et qui repartait en sac dans les usines pour y être travaillé
(photo Patricia le Coadou).
Tout a commencé il y a cent ans, à la fin de la Première Guerre, quand Françoise Le Coadou a ouvert-là une épicerie-bar-pension de famille dans une petite maison de pierres. C’est alors un lieu très fréquenté de Pors Hir où l’on vient faire ses emplettes et rencontrer ses voisins. Après la Seconde Guerre, c’est un monsieur Pierrès qui rachète le commerce et poursuit l’activité. « On y vendait de tout, se souvient Louis Poulen, le voisin qui alors venait y faire les courses pour sa maman. Du charbon, des pommes de terre primeur, du pain, du goudron pour les bateaux. »
À la fin des années 50, c’est Hubert Le Guen qui reprend les rênes du commerce et y installe aussi une entreprise de taxis. Il possède un Berliet 52 places et une camionnette Citroën qui lui permettent d’emmener les agriculteurs à tous les marchés du canton, avec une remorque à l’arrière pour transporter les animaux. « Il faisait aussi le « taxi breton », s’amuse P’tit Louis. C’est-à-dire qu’il était employé par une société pétrolière pour emmener les hommes embarquer au Havre et les ramener à l’issue de leur mission. Il ramassait les marins jusqu’à Saint-Malo. Parfois, il emmenait aussi les femmes qui allaient voir leurs hommes. En ce temps-là, on embarquait pour 10 mois. »
Et puis, en mars 67, c’est le Torrey Canyon qui s’échoue au large des îles britanniques et des milliers de tonnes de pétrole polluent les côtes bretonnes. Les militaires sont envoyés à la rescousse pour nettoyer et certains campent sur un terrain attenant à l’entreprise de taxis d’Hubert Le Guen.
Une révélation pour celui-ci qui, l’année suivante, il y a juste cinquante ans, crée une première esquisse de camping sur un terrain adjacent. « C’est au camping qu’il y a eu la première tondeuse écologique, se souvient P’tit Louis, une lueur moqueuse dans l’œil. Il s’agissait d’un âne que Le Guen avait rapporté d’Avranches dans sa voiture. »
Les années passent et, en 1988, un Monsieur Lahilonne rachète Le Varlen. Plus d’entreprise de taxis, juste une petite épicerie de dépannage, mais c’est un véritable camping moderne qui se développe. Le nouveau propriétaire fait bâtir un vrai bloc sanitaire, installe un minigolf, des allées de boules. « Le camping prend alors un petit aspect villégiature et obtient ses 3 étoiles, » raconte Dominique.
Deux ans plus tard, c’est un nouveau propriétaire, un certain Monsieur Demay venu de Paris, qui reprend le camping. Il a de grandes idées un peu onéreuses. Il transforme l’ancienne pension de famille en studio indépendant et le bâtiment des taxis en bar, achète un nouveau terrain pour agrandir le camping, fait bâtir la grande salle des animations. Par deux fois, il fait venir l’humoriste Pierre Doris pour animer des soirées.
En 1993, c’est les Montigny qui rachètent le Varlen et essaient de lui donner un nouveau souffle. Ils choisissent de mettre des caravanes en location et installent les premiers mobile-homes. Ils instaurent les soirées moules-frites du jeudi et les loto-homard du mardi. Enfin, ils louent des parcelles de terrain à des gens qui y installent leurs propres mobile-homes. Ils resteront 11 saisons avant de céder le camping à Dominique et Claude.
Arrivés en 2004, ceux-ci choisissent d’enlever toutes les caravanes vieillissantes et de continuer à développer les mobile-homes et la location de terrain aux « propriétaires ». Ils rénovent également les espaces verts et agrandissent encore un peu le camping. Ouvert entre les vacances de Pâques et la Toussaint, il possède dorénavant 13 emplacements loués, 13 mobile-homes et 26 emplacements nus. S’ils conservent les soirées moules-frites et loto, Dominique et Claude proposent d’autres animations (concerts, soirées magie, initiation à la danse bretonne, jeux en bois…) et connectent le camping au Wi-Fi en 2008. « C’était quelque chose d’indispensable, explique Dominique. Nous avons très vite choisi de proposer ce service. »
Cependant, la crise de 2008 se répercute aussi sur le camping et après quelques années de réflexion, les Carpentier décident de proposer de la restauration. Dominique entre en cuisine et nourrit jusqu’à 70 personnes certains soirs, aidée par son fils Mathieu. « La restauration, explique-t-elle, cela a beaucoup ouvert le camping sur les locaux. Les gens de Plougrescant viennent volontiers manger là. »
C’est vrai que les voisins, tout comme P’tit Louis, passent volontiers, pour manger mais aussi dire bonjour, apporter un surplus de pêche, quelques salades. « Les gens sont parfois surpris qu’on leur donne quelque chose », souligne Dominique, qui a fermé la porte du Varlen avec des souvenirs plein la tête. « Environ 50 % des vacanciers reviennent d’une année sur l’autre et il se crée une famille au sein du camping. Et puis, quand ils arrivent là, parfois ils ont des soucis ou des problèmes et on parle avec eux, ils nous racontent des choses et ça les aide. Un camping c’est très affectif. »
La chapelle Saint-Gonery se singularise par sa flèche inclinée. Celle-ci fut édifiée en 1612 ; elle venait s'implanter sur le clocher datant de la fin du XIIème siècle. Le socle qui n'était pas assez solide s'inclina d'un côté ; la flèche, à couverture de plomb, s'inclina de l'autre côté.
Plougrescant est composé de deux mots celtiques : plou et grescan ou crescan , qui signifie « paroisse qui s’agrandit, qui croit ». Pour d’autres personnes, Crescant est un chef d’émigrés bretons qui s’est installé au début du VIème siècle sur le site de Plougrescant.
la commune de Plougrescant comporte plusieurs îles aujourd'hui classées : l'île d'Er, l'île d'Evinec, l'île d'Itron-Maria, l'île Loaven, l'île Verte et les îles Kerlabon.